La forêt des Yungas

Posté Par Les Déchaînés le 11 Déc, 2019


La route qui nous emmena à la somptueuse Salta ne fut pas de tout repos. La traversée de la Cordillère des Andes nous a épuisé, mentalement, physiquement, nous avions les nerfs à vif. Notre dernière étape de 9 jours se composa de 8 jours de désert (une sorte d’étendue de sable qui a eu raison de nos nerfs) et d’une journée récompense au sein de la forêt des Yungas.

Cette renaissance de végétation est un contraste unique à mes yeux. Cents kilomètres, la distance qui sépare cette « forêt nébuleuse », aux incroyable dunes et lagunes de la Réserve des Flamants Roses, résumé d’un désert infini.

                                                                     

 

Passer de cette immensité blanche, couleur d’un désert installé depuis quelques temps, à une immensité verte, humide, luxuriante, est impressionnant. La forêt des Yungas s’étend au travers de l’Amérique Latine. Elle commence en Equateur puis traverse le Pérou et la Bolivie pour nous accueillir ensuite au nord de l’Argentine dans la province de Salta.

Photo région Jujuy

La partie argentine de la forêt des Yungas se retrouve principalement dans les parcs nationaux, Baritu et el Rey dans les régions de Jujuy, Tucman et Salta. Situé sur les pentes est de La Cordillère des Andes, cette forêt tropicale occupe 5 millions d’hectares, allant d’une altitude de 400 à 4000 m. La biodiversité y est concentrée, bien que représentant seulement 2% du territoire argentin, elle concentre 50% de sa biodiversité !
Divisée en quatre zones, nous retrouvons la Selva Pedemontana (forêt au pied de la montagne »), abritant près de 30% de la biodiversité de l’écosystème ; la Selva Montana (« forêt de montagne »), entre 700 et 1500 mètres ; le Bosque Montano qui représente les zones nébuleuses de la forêt des Yungas, situé entre 1500 et 3000 m, cette partie est souvent surplombée de nuages ; les Pradera Montana à plus de 3000m qui sont généralement les prairies.

 

L’existence de cet écosystème est primordiale pour cette région, très humide lors des périodes de pluie. Elle permet de réguler et de contenir l’eau des précipitations, par absorption d’eau les quantités phénoménales, et ainsi de préserver les villes de la vallée (lors de la saison des pluies le taux d’humidité peut aller jusqu’à 70%, pour une température de 45° dans cette région).

 

Bien que riche en biodiversité, cet écosystème est très fragile et surtout menacé par les interventions de l’Homme. Abritant une faune et une flore importantes, cette région abrite également des communautés autochtones, dont la survie est liée à celle de leur environnement.

Une des zones principalement touchées est la Selva Pedemontana, où la culture de soja, de canne à sucre et de citron voués à l’exportation semblerait plus importante que la conservation ?
La Selva Montana n’est pas non plus épargnée, la vitesse de coupe d’arbres destinés à la production de papier ou au chauffage est supérieure au rythme de repousse. Ce qui réduit à vive allure cette seconde strate de la forêt pourtant essentielle à la survie des populations humaines autochtones et à de la biodiversité.

Le Brésil n’est pas le seul mauvais élève d’Amérique Latine à privilégier sa croissance économique à la conservation de son environnement.

Grâce aux mouvements de l’UNESCO, nous avons pu traverser une « réserve de biosphère » sur notre route. Ces réserves représentent aujourd’hui 2 millions d’hectares de forêt protégées et ont pour but de développer une économie éthique des territoire mis en réserve.

Cependant l’Etat Argentin reste le seul maître de l’exploitation de sa faune et sa flore.

Après notre traversée du désert, c’était une joie immense de pouvoir se plonger tout entier dans cette forêt luxuriante, nous n’avions pas alors connaissance de tous les enjeux qu’elle représente aujourd’hui. Nous avons aimé cette forêt tout simplement, et l’on se rend compte désormais de la chance que l’on a eu de pouvoir la voir. Et c’est donc avec une certaine tristesse que nous écrivons ces lignes en pensant que les futurs cyclistes et voyageurs n’auront peut-être pas ce même privilège.

 

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